Comme les mineurs sur le carreau de la fosse écoutant Lantier, comme les grognards à Waterloo qui oyaient dans le froid et le frimas le discours de leur empereur comme les légions Romaine  écoutaient César avant de franchir le Rubicon.

Nous étions en 1972, plus d’une une centaine,  dans la cours carré au 5 de la rue d’Anselme sur le plateau de la Croix Rousse. Et Monsieur Petit égrenait les noms des récipiendaires.

 Nous ne le savions pas encore mais  comme Enée guidé par la Sibille entamant sa descente aux enfers renonçait définitivement à la séduction d’une vie normale et commune pour répondre aux appels d’une quête dont il avait mal mesuré l’objectif, nous n’avions pas conscience quand nos deux noms sont tombés que nous entamions ce chemin qui nous mènerait au jour d’aujourd’hui présentement en ce moment même à avoir à discourir sur :

Ton Départ à la retraite

Nous rentrions à l’Ecole Normale qui bien que non supérieur n’avait pas à rougir de sa norme inférieure car elle avait l’immense tâche de former ce qu’à l’époque nous appelions des instituteurs. C’est à dire les garants de l’Institution.

Fières d’en être nous avons sans nul doute formé l’un des derniers bataillons des hussards noirs de la République. 

A cette époque lointaine que les moins de vingt ans voire les moins de trente ans ne peuvent pas connaître,  nous ne savions pas encore utiliser l’outil-scipteur  sur le référentiel murale pour  induire une stratégie opératoire chez l’apprenant.

Nous, on nous apprenait  à poser simplement des opérations  au tableau. On nous a appris à tenir un cahier journal, à organiser un cours.

En ces temps lointain

L’apprenant s’appelait un élève,

le transfert cognitif d’un savoir  algorithmique des processus opératoires : les tables de multiplication,

Le contrat didactique se traduisait par « tu écoutes ce qu’on te dit »

Un apprenant dont le degré de faisabilité est déficient était appelé un âne

On ne disait pas « Veux-tu bien mettre en œuvre ta pensée hypothético-déductive  afin de choisir avec pertinence une stratégie structurante  pour intuiter  un outil opérationnel. »

Mais on disait «  relis ton problème au lieu de dire des conneries »…..

C’est pourquoi on appelait ça une Ecole NORMALE.

C’était l’heureux temps où les choses étaient claires et simples.

La gauche c’était bien à droite c’était des pourris.

On était syndiqués, MAIFisés, MGENisé.

On échangeait autour de tes saucisses de Strasbourg et de ma boîte de thon.

On buvait des canons avec notre camembert commun sans s’entendre dire : 

« Tu bois trop »,

On n’avait pas de portable et on attendait que le grand service public de la poste, qui n’était pas encore Le Groupe la Poste nous apporte les lettres de nos Nanas.

On n’avait pas encore définitivement opté pour les lessives ordinaires ou le baril d’ARIEL.

Pour nous Chatel se prénommait  Philippe et chantait « Émilie Jolie » aujourd’hui  il se prénomme Luc et la seule comparaison que l’on peut faire avec son homonyme c’est ce qu’on peut entendre dans la « chanson des cœurs »  et qu’on pourrait au projet de Luc quant à l’école Public (je cite)

« Est-ce la fin du début

Ou le début de la fin

Y en a-t-il encore ou plus

Est-ce aujourd'hui ou demain

Est-ce la fin du début

Ou le début de la fin »

Et quand je pense qu’on se plaignait du ministre de l’Education de l’époque …. Olivier Guichard .

Et bien tout ça c’est fini …..

Tu es présentement au jour d’aujourd’hui maintenant à ce jour même :

En RETRAITE.

Mais attention je me dois de te mettre en garde. Tu n’es pas en retraite de tout.

Il va te rester quelques menues contraintes. En particulier tu ne seras pas en retraite de Monique. Je tiens d’ailleurs à te préciser que dans le cadre statutaire du Moniquariat les annuités compte triples, tu as 100% de charges et le nombre de versements est illimité.

Par contre, l’accès à ton nouveau statut te donne certains droits.

Te voilà couché sur le grand livre de la dette publique, et comme dit Monsieur Fillon, (Fillon du bois pour le père Nicolas.)C’est un lit très large,. Et vu que vous êtes deux sous le Rocher à être couché dans ce grand livre de la dette publique n’hésitez pas à y faire des galipettes, mais attention cependant à ne pas trop en froisser les pages.

Ne pas confondre  retraite et inactivité

L’inactivité est synonyme  d’inaction, de torpeur, de désœuvrement, d’ankylose, de langueur, d’oisiveté, de léthargie, d’apathie, d’engourdissement, d’indolence, de paresse, de mollesse, d’atonie, de flânerie, de cacherie, de paresse, de croupissement.

Le retraité est un être actif, occupé, débordé, agissant, fringuant, dynamique, sémillant, animé, pétulant, ingambe, alerte, vif, affairé, agendatisé.

Le temps ne t’es plus compté, ce qui ne doit pas te gêner, connaissant ton goût le fromage. Mais, bien que ce temps ne te soit pas compté, ça ne signifie pas, pour autant  que ton crédit temps est inépuisable.

Chaque jour, chaque semaine, chaque mois les agios du temps vont tomber et très rapidement tu vas te retrouver avec un déficit de temps qu’il te sera difficile de combler. Car, tu n’es pas sans savoir qu’on ne prête qu’aux riches. Aux riches qui ont du temps à revendre, en bref aux inactifs. Tu auras donc compris que ce n’est pas chez tes amis retraités qu’il te faudra espérer en trouver pour qu’ils viennent te prêter, un peu de leur temps. Quant aux inactifs, ce sont souvent des gens qui passent leur vie à perdre du temps.

 Alors tu vois, du temps, tu n’en auras pas tant que ça.

Il te faudra donc soigneusement gérer le temps présent.

Evite dans un premier temps de perdre ton temps tant que se faire se peut.

Je sais qu’au début c’est une tendance, mais ta spécialité dans le domaine c’est plutôt la bourrée. (Je vous laisse réfléchir ….. Temps danse ….)

Je constate que certain d’entre vous commencent à ne plus percuter à mes aphorismes, je m’en vais donc réduire mon propos afin d’éviter de commencer par te faire perdre ton temps.

Attention, avoir la gestion libre de son temps n’est pas similaire à n’avoir aucune contrainte lié au temps. Tu vas à partir d’aujourd’hui tu vas être confronté à de nouvelle contraintes.

- Te lever tôt le matin pour être devant ton buraliste avant l’ouverture si possible pour lui faire remarquer qu’il a deux minutes de retard.

- Etre à 8h30 à l’ouverture de « Champion » afin d’être en Pol position chariot contre chariot avec l’équipe des retraités d’hauteville. Attention dans la catégorie tu débutes car pendant quelques années encore tu restes un gamin dans la catégorie « retraité »

- Passer à dix heures devant l’école pour entendre brailler les élèves dans la cours. C’est jouissif.

- Se trouver négligemment à la sortie des classes pour entendre d’un air entendu les récriminations des parents d’élèves par rapport à la nouvelle directrice.

- Passer en VTT devant l’école à l’ouverture des classes l’après midi.

N’oublie pas par ailleurs, que tout déplacement automobile doit se faire avec lenteur. Un bon retraité est un retraité qui bouchonne.

Le tout en ne loupant aucune météo (élément essentiel au retraité ; vélo, footing, balades, ski) en sapant d’un JT à l’autre, en ne loupant pas  « le magazine de la santé » le retraité a le droit de s’informer des mille mots qu’ils n’a pas encore…être  rentré pour « C dans l’air »

Très rapidement tu vas constater que les actifs sont toujours en vacances.

Car même si toi tu l’oublies, en général toute semaine précédant les vacances tu auras eu un coup de fil des enfants rapport à une garde de « petits »enfants.

Tu constateras très vite, qu’en période de vacances, tu ne peux plus te garer à ta place habituelle quand tu vas chercher l’Equipe …

Mais ne t’inquiète pas le Nain Jaune qui nous sert de président va bientôt mettre fin à cette anomalie. J’ai pu constater depuis ma mise à la retraite qu’il est en voie de supprimer les 35 heures, qu’il a autorisé le travail dominical il ne saurait donc tarder à supprimer les congés payés.

Tu  constateras très vite que rien n’est plus agréable que de visiter un musée quand les actifs s’activent, de s’arrêter sur une aire d’autoroute à midi et de constater qu’il n’y a personne à la Cafétéria.

Mais je te laisse découvrir  tous ses menus plaisirs qui font notre quotidien.

Un seul bémol, le retraité n’a pas de congé et la retraite est le seul état dont on sorte les pieds devant.

Alain pour plagier Maxime (le forestier » je peux dire

« Toi le frère que je n’ai jamais eu »

D’ailleurs à quoi t’aurai servit d’avoir un frère qui se prénomme Serge ….  ça aurait fait doublon …

Je sais que tu m’en a longtemps voulu de t’avoir fait connaître « les feux de l’amour » dans »The Little House on the prairie » avec Papy dans le rôle de Charles Ingalls mais c’est cependant grâce à ça que tu es devenu non pas mon frère (banal) mais mon « Beau » frère

 

Alain donc

 

Il faut savoir que comme disait Jean Charles dans la Foire au Cancres »

« les trois grandes époques de l’humanité sont l’âge de la pierre, l’âge du bronze et l’âge de la retraite »

 

tout en sachant que

« le caractère se forme dans le tumulte du monde mais le talent se développe dans la retraite »

ce n’est pas moi qui le dit mais Johann Wolfgang von Goethe

Goethe pour les intimes

Retour à l'accueil